Patrice Faubert

Datologie

" Je ne voulais travailler nulle part, on dit que la paresse est la mère de tous les vices, moi
je trouvais que le père, c'était le travail. "

Jacques Prévert ( 1900 - 1977 )

1911
Premier bombardement aérien militaire
L'avion devient une arme de guerre
1914
Bombes lâchées à la main sur des enfants, mères, pères
Tués par l'oiseau de fer
Qui pond ses explosifs de mort
Qui détruisent l'esprit et le corps
1947
De l'autre face du miroir
Le mur du son sort du laboratoire
Dépassé, il annonce le pire
Fini le temps du rire
Bien avant 1911, toute invention
Contre l'humanité est une machination
L'ingénieur innove l'art militaire
Le technicien est sa bonne, son plénipotentiaire
1745
A cette date, naît Monsieur de Saint-George
Fils naturel de l'esclavage noir
Et de la propriété qui en fit son souloir
Bien éduqué, il devint compositeur de musique
Champion d'escrime et ami de l'éthique
Pendant la révolution bourgeoise, il fut un meneur
Pour l'idéologie bourgeoise, importait peu la couleur
De la peau des régiments, aux mêmes finalités
De la classe aristocrate qu'il fallait renverser !
L'idéologie plus forte que le racisme
Pour l'utiliser dans le classisme
Sans date
N'importe quelle date de l'histoire
Prise au hasard, n'est ni blanche ni noire
Car c'est toujours la détermination
De tous nos pas, une programmation
Une science plus exacte que la chiromancie
Des prévisions plus rigoureuses que l'astrologie
Venez Mesdames dans ma roulotte
Que vos nichons je pelote
Sur une table transparente, des cartes
Avec sur chacune, une date
Prenez en une, et voici la datologie
Je prévois votre avenir, de midi à minuit
Je devine votre passé, votre futur, même votre nuit
1926
Création du Paris-Stasbourg
( 504 km ) à la marche
Le Suisse Jean Linder l'emporte
Je vois un marcheur qui vous porte
1937
Journées de mai à Barcelone
Anarchistes et poumistes, contre le stalinisme
La république espagnole n'est pas bonne
Pour la révolution qui veut l'anarchisme
Je vous vois dans le machinisme
1938
En physique, c'est la fission nucléaire
De feu ( 1879-1968 ) Otto Hahn, de feu ( 1902-1980 ) Fritz Stassmann
Et de feu ( 1878-1968 ) Lise Meitner
Dont l'application ne peut jamais être fière
Je vois l'avènement du déchet nucléaire
Sans date
Toute date de l'histoire
Même la plus aléatoire
Est notre véritable mère
Est notre véritable père
Nous sommes ses habits
Dans le moindre de ses plis
Elle circule dans notre corps
C'est la chimie du vivant et du mort
Tout vivant en est le rescapé
Car toute guerre a son année
Toute vivante en fait des bébés
Ainsi, toutes les années ont pu se succéder
Je vois que nous avons
Des milliers et des milliers d'années
Je vois que nous avons
En nous, des milliers et des milliers d'armées
Sur Terre
De tout ce qui a pu se passer
Nous sommes la trace
Nous sommes l'aboutissement, la seule race
En fait, aucune race, mais des populations diverses qui passent
Dans les océans
Dans les mers
Nous sommes à l'eau, son néant
Le temps a le temps
De pouvoir tout faire
Le temps nous fait
Le temps nous défait
Le temps nous rêve
Nous sommes sa sève
Toutes les histoires
De l'Histoire, petites ou grandes
Sont dans chaque être humain, elles quémandent
De sales draps qui vont au lavoir
Chaque être humain
Est toutes les guerres
Chaque être humain
Est toutes les paix
Son corps en est le seul vrai historien
Son esprit en est le seul tout, en est le seul rien
Tout ce que nous imaginons
Est quelque part, une réalité
Tout ce que nous faisons
N'est jamais une nouveauté
La gravité se contente d'être, elle est une loi
Pas besoin d'être démontrée, pour exister, même par des rois
Nous expliquons les phénomènes de la nature
Et nous en faisons de la culture
Physique, chimie, biologie, technologie, qui la dénature
La nature n'a pas besoin de la peinture
C'est la peinture qui a besoin de la nature
Tout être humain en vaut un autre
C'est son conditionnement qui en fait tel ou tel apôtre
C'est sa programmation socioculturelle
Qui le fait soi-disant intellectuel ou soi-disant manuel
Alors que l'on est forcément , un peu manuel, un peu intellectuel
L'Histoire est engrammée par des faits
Qui font les humains, beaux ou laids
La densité infinie de l'infiniment petit
Qui devient expansion, qui devient évaporation
Aussi
Toute explication est suffocante
Aussi
Toute interprétation est marrante
Pour vivre, il faut de la prétention
Là où est l'argent, est la prostitution
Là où est l'argent, est la désolation
C'est la technologie qui nous rêve
C'est l'industrie qui nous crève
Oui, pour vivre, il faut de la prétention
Très jeune, je faisais de la métaphysique
De rêves d'autres planètes, nous étions la gymnastique
Du violon d'un géant, nous étions la musique
Du rire d'une galaxie, nous étions la thermodynamique
Oui, pour vivre, il faut de la prétention
Ô frères et frangines, humains mégalomanes
Ô frères et frangines, humains mythomanes
Pourtant, rien de quelconque
Même si tout est quiconque
Ainsi rien, absolument rien, n'est jamais anodin
Rien n'est vain
Nonobstant, tout est vain
Passé, présent, futur
Tout est en vous
Tout est en nous
D'outre-mort, d'outre-vie, d'outre-lieu
Jamais moins ni jamais mieux
De la matière visible et invisible, de l'eau et du feu
Nous sommes les folles, nous sommes les fous !

Patrice Faubert ( 2013 ) puète, peuète, pouète, paraphysicien ( http://patrice.faubert.over-blog.com/ ) Pat dit l'invité sur ( http://www.hiway-glk.fr/ )

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Published on e-Stories.org on 25.09.2016.

 
 

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